mercredi 22 décembre 2010

De Raimon PANIKKAR...



Sans la mystique pure,

les religions deviennent des idéologies.


jeudi 11 novembre 2010

De Nicolas BERDIAEFF sur la mystique allemande et Jacob Boehme en particulier...


La mystique allemande est un des plus grands événement dans l'histoire de l'esprit. Eckhart, Tauler, Weigel, Jacob Boehme, Angelus Silésius poussent la théologie apophatique jusqu'à des conclusions extrêmes qu'on ne trouve encore ni chez le pseudo-Denys, ni chez les mystiques médiévaux. Le début de ce processus spirituel est marqué par la distinction eckhartienne entre
Gottheit et Gott, dont les conséquences constitueront l'intuition fondamentale de la mystique et de la métaphysique allemandes. Contrairement à la pensée grecque, la pensée allemande admet à la base de l'être un principe irrationnel, conceptuellement indéfinissable - le Mystère, l'Ungrund. Théologiquement, cette découverte signifie que ce qui apparaît à la connaissance cataphatique comme Gott est Gottheit pour la connaissance apophatique. Gottheit, c'est-à-dire un au-delà de l'être, un au-delà de la personne, une profondeur inexprimable d'où nait Dieu. La connaissance de Dieu ne peux donc être que symbolique, non rationnelle. Les mystiques en ont toujours témoigné en s'appuyant sur une expérience spirituelle. La dogmatique chrétienne n'est qu'un symbole de l'expérience spirituelle. Elle se livre à une objectivation de l'esprit qui ne peut être reconnue comme vérité dernière. Les mystiques vont plus loin, mais ils n'usent pas de concepts ; pour communiquer leur expérience aux autres hommes, ils recourent à des symboles et à des mythes. On ne peut conceptualiser rationnellement ni la Gottheit d'Eckhart ni l'Ungrund de Jacob Boehme, seul un concept limite est possible, indiquant le mystère qui le dépasse. La mystique allemande déduit de la théologie apophatique que le Néant Divin ou l'Absolu ne peut être le Créateur du monde. La Gottheit ne crée pas, on ne peut concevoir en elle aucun mouvement, rien qui ressemble à notre monde ; on ne peut user ici d'aucune analogie. Créateur et créature sont des termes corrélatifs, correspondants à des catégories ultérieures de la théologie cataphatique. Le Dieu-Créateur apparaît en même temps que la créature et disparaît avec elle. On pourrait dire que Dieu n'est pas l'Absolu. Le Dieu-Créateur, le Dieu-personne, le Dieu qui entre en contact avec le monde et l'homme ne peut être pensé avec ce détachement total qui est nécessaire pour élaborer le concept limite de l'Absolu. Dieu est concret. Le Dieu manifesté est corrélatif à l'homme et au monde. C'est le Dieu biblique, le Dieu de la Révélation. L'Absolu est au contraire l'ultime mystère. On est ainsi amené à l'affirmation en deux actes : 1) Dieu, le Dieu de la Trinité, se réalise dans l'éternité, en sortant du Néant divin, de la Gottheit, de l'Ungrund ; 2) Dieu, le Dieu de la Trinité, crée le monde. Il existe donc dans l'éternité un processus théogonique - la naissance de Dieu. La Création du monde, le rapport de Dieu à l'homme sont la Révélation du drame divin et de l'éternité. Nul n'a su l'exprimer d'une façon aussi géniale que Jacob Boehme et rien n'est plus éloigné du panthéisme.


in ESPRIT et REALITE de Nicolas Berdiaeff,
aux excellentes éditions Aubier-Montaigne,
Paris en l'année 1943.

vendredi 10 septembre 2010

Sur les Roms... cette lettre de Gustave Flaubert, citée sur le blog Vendémiaire (le 10/9/2010)





Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j'ai entendu de jolis mots à la prud'homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens de l'ordre. C'est la haine que l'on porte au bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète, et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère...

Lettre, du 12 juin 1867, de Gustave Flaubert à George Sand.

Voir l'édition de la "Bibliothèque de la Pléiade", chez Gallimard.

mercredi 1 septembre 2010

De l'excellent penseur André Suarès...


Tout art est une incantation : l'oeuvre d'art est un philtre de volupté. Les doctes qui séparent tout par système, méprisent la volupté et le sentiment. Les doctes sont grossiers. Mais dans un homme policé, quel sentiment ne participe pas de l'esprit, et même quelle volupté ? Quel vrai plaisir n'est pas spirituel en quelques manière ?


... ... ... ... ...

Partout où l'on veut prouver qu'on a raison et faire système, l'art et la poésie le cèdent à la philosophie, à la critique, à la religion, enfin à une politique. L'art s'abaisse d'autant, et la poésie s'en va. C'est ici que le sentiment assure le salut de l'oeuvre : en portant la raison, il la pénètre d'une vie personnelle.

in "André Suarès" dans la collection Bouquins
chez Robert Laffont, Paris 2002.

mercredi 30 juin 2010

Lettre de Marie-Antoinette de Geuser...




Je n'y comprends rien, la "Vérité" me dit qu'Il est "toute justice" et qu'Il n'agit dans les âmes qui si elles correspondent... Et moi, je ne corresponds jamais... je suis toujours infidèle, et Il continue toujours son Oeuvre en moi... Il me fait entrer toujours plus avant en Lui, et me comble de plus en plus...
Sacrifiez jusqu'au bout, mon Bien-Aimé, achevez l'holocauste... je veux correspondre... je ne veux plus trouver que cela fait trop mal... je ne veux plus même voir le sacrifice...
Autrefois, lorsque dans nos traductions du latin, nous rencontrions le seul mot d'"Amour", j'étais obligée de me raidir de toutes mes forces pour ne pas être transportée... et maintenant cette action si manifeste de Dieu en moi me laisse froide...
Je suis comme habituée à cette intimité avec Lui, et ces grâces qui devraient me transporter, me laissent non seulement calme, mais même sans émotion!... Cet état m'humilie profondément... devrait-on jamais s'habituer à de pareilles choses!... N'est-ce pas un manque de respect d'entendre les ordres divins si naturellement ?
Mais vous voyez, mon Dieu, que si ma sensibilité ne peut pas s'émouvoir à votre contact, si je reçois vos grâces sans enthousiasme, mon âme brûle cependant d'amour et de reconnaissance... votre miséricordieuse bonté me confond... m'enfonce dans ma misère...
Je suis toujours dans la fournaise, dans l'obscurité... depuis très longtemps je n'ai pas été dans les "régions supérieures", dans la "Transformation"... Pas non plus dans l'Aimantation...
Ces quelques lumières me sont venues d'un rayon direct de la Divinité.
Commes des étoiles dans une nuit sans lune nous prouvent que le ciel est pur, elles m'ont donné l'assurance que je suis en Lui...
Dans une nuit étoilée, on ne peut pas contempler le ciel bleu, on n'y voit pas Dieu, je suis dans l'obscurité...
Les étoiles sont lumineuses elles-mêmes, mais n'éclairent pas la terre... de même ces lumières sont certaines, éclairent ces points particuliers, mais laissent mon âme dans le noir...
Ne regarder qu'en haut... Dieu seul.

jeudi 27 mai 2010

LA GNOSE ...



La gnose est la connaissance de la Réalité suprasensible, "invisiblement visible dans un éternel mystère", qui est censée constituer, au coeur et au delà du monde sensible, l'énergie motrice de toute forme d'existence. Un fragment gnostique définit la gnose : "La connaissance de ce que nous sommes et de ce que nous sommes devenus ; du lieu d'où nous venons et de celui dans lequel nous sommes tombés ; du but vers lequel nous nous hâtons et de ce dont nous sommes rachetés ; de la nature de notre naissance et de celle de notre re-naissance" (Clém. d'Al., Excepta ex Theodoto, 78, 2). Et on lit dans un autre fragment : "la connaissance de l'homme est le commencement de la perfection ; la connaissance de Dieu en est la consommation (Hippol., Elenchos, V, 6, 6). Cette Réalité suprasensible, on la conçoit sous les espèces d'Idées, qui sont en même temps des Forces cosmiques personnifiées - entités divines, "démons", esprits, anges, héros de la mythologie païenne ou chrétienne - qui tiennent dans leurs mains le destin du monde et de l'humanité. La connaissance de ce monde transcendant est le résultat de la convergence de deux actes, dont l'un procède de la Nature sensible et l'autre de la Nature suprasensible. L'application méthodique de l'intelligence aux réalités spirituelles - application qui culmine dans l'extase - et une conduite toute spirituelle - qui trouve son expression suprême dans l'ascèse - amènent l'homme aux abords du monde de l'esprit. A son tour, ce monde se penche vers l'homme sous forme de révélation et se donne à contempler, aussitôt que les conditions requises se trouvent pleinement réalisées.

Ainsi commence le, toujours excellent, livre de H. Leisegang paru chez Payot en 1951.

vendredi 21 mai 2010

De Lanza del Vasto : CREDO...


CREDO


Je crois en Toi, Dieu qui dors dans la pierre,
Rêves dans l'arbre, aspires dans la bête,
Aimes dans l'homme. En meurs. Et dont la tête
Perce le ciel et passe la lumière.

in "Le Chiffre des Choses", Editions Denoël, 1953.

jeudi 6 mai 2010

De Jean-Marie Le Clézio sur Malcolm de Chazal...


Entre 1948 et 1965, Malcolm de Chazal aura publié une vingtaine d'ouvrages, dont certains firent du bruit, et qui sont tous l'expression d'une pensée originale, parfois jusqu'à l'ésotérisme, et d'un tempérament inquiet et anticonformiste. Pourtant, après le choc initial de Sens Plastique, paru à la NRF accompagné d'une préface de Jean Paulhan - "un art qui mérite, je pense, le nom de génie. Ce nom, et aucun autre" -, la critique, conformément à sa réputation de frivolité et de frilosité, cessa de s'intéresser au poète des antipodes et lui opposa un étrange silence. Duhamel, Paulhan, sans cesse sollicités par celui qu'ils avaient porté au pinacle, manifestèrent à son égard une indifférence gênée, puis de l'hostilité.

Depuis son île qu'il refusait obstinément de quitter, Malcolm de Chazal interpellait le monde, multipliait les lettres, les appels au secours. L'éloignement n'était pas la raison de sa solitude. Il souffrait d'avoir cru à la communauté des esprits, d'avoir vu la porte s'entrouvrir sur ce paradis de l'intellect que, comme jadis Swedenborg, il attendait.

Jean-Marie Le Clézio

in LE MONDE du vendredi 10 novembre 2006

dimanche 18 avril 2010

De Lanza del Vasto : LA MAISON DU VENT...


J'ai ma maison dans le monde sans mémoire,

J'ai mon savoir dans les livres du vent,
Comme la mer j'ai dans le vent ma gloire,
Comme le vent j'ai ma fin dans le vent.

Damas, 1939.

in LE CHIFFRE DES CHOSES de Lanza del Vasto,
éditions Denoël
, 1953.

mercredi 7 avril 2010

De Kostas AXELOS, cet important Philosophe qui vient de disparaître, dans "Le Jeu du Monde"...


La poésie et l'art, c'est-à-dire la poésie et la prose et tous les arts, opèrent-ils principalement au moyen de l'intuition plus ou moins sensible ou noétique ? Poser la question de manière percutante reviendrait à savoir ce qu'est l'intuition.


La poèsie s'insère-t-elle dans la prose du monde comme une enclave, ou est-ce la prose qui fait partie de la poéticité ? Le langage de la prose, langage dominant, s'imagine que le langage poétique est vague et imprécis, ambigu et équivoque, empêche la communication ; comme si le langage prosaïque l'effectuait. Il se pourrait aussi que prose et poésie soient un langage bifurqué. Ce qui ne résout pas le problème des liens entre la pensée et la poésie.

Depuis longtemps existe l'aspiration - passablement mythique - à une oeuvre d'art complète et totale, intégrant tous les arts et s'intégrant dans la vie. Toutes les réalisations demeurent cependant partielles. Il est une autre aspiration, à une poésie et à un art fait pour tous. Est-elle moins mythique ?

in LE JEU DU MONDE de Kostas Axelos,
aux Editions de Minuit, Paris 1969.

vendredi 2 avril 2010

Du poète et philosophe roumain Jean Parvulesco...


... Heidegger a su montrer que la grande poésie ne saurait parler que de l'essence même de la poésie. Il en est de même pour tout grand art en action, aussi la grande peinture ne parle-t-elle que de l'essence même de la peinture, en donnant à voir l'invisible à travers le visible, en ouvrant, à travers ses représentations, l'accès à la totalité des espaces extérieurs à notre seul espace conventionnel.

... La toile de Nicolas Poussin, Et in Arcadia ego, propose précisément la figure chiffrée de la suprême raison d'être de la peinture, puisqu'elle montre que la peinture doit être, et est toujours ouverture d'un passage - la "passe secrète" - vers l'"autre côté" de la réalité et des espaces immédiats de la réalité, vers l'éternelle et verte Arcadie originelle, vers le pays - vers les espaces - de l'être ne répondant que de lui-même. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'étrange toile de Nicolas Poussin a pour sujet le mystère même de la peinture, sa raison d'être, ses pouvoirs cachés, et sa plus secrète mécanique intime. Le grand initié Nicolas Poussin avait su faire les choses.

in UN RETOUR EN COLCHIDE de Jean Parvulesco, Guy Trédaniel Editeur, 2010.

dimanche 28 mars 2010

De Roland Maisonneuve...


UN RECENTRAGE DU REGARD


Notre regard est appelé à transpercer le monde des apparences et à découvrir les points divers et la multitude foisonnante de points que sont chaque chose, chaque être, toute réalité de l'univers, tout ce qui est.
Blake montre du doigt la cible à poursuivre :
"voir un monde dans un grain de blé
et un ciel dans une fleur sauvage.
Tenir l'infinité dans la paume de la main
et l'Eternité en une heure unique"
(Songe et innocence).
Les meshalim hébraïques tiennent le même langage :
"Chaque caillou révèle un univers".
"Chaque galet est un océan".
Les mystiques prolongent jusqu'en Dieu les paysages d'infini que sont ces réalités.
Les Upanishads dévoilent :
"Le Dieu unique, caché en toutes choses, lui qui remplit tout, lui qui est l'âme de toutes choses demeure en toutes choses. Le monde entier est illuminé de sa lumière" (Svetasvatara Upanishad).
Maître Eckhart, bien qui distinguant Créateur et créature, les unit par un regard remontant jusqu'à la Source divine d'où tout jaillit :
"La chose la plus vive que l'on connaisse en Dieu - par exemple si l'on pouvait comprendre comment une fleur à son être en Dieu - est chose plus haute que le monde entier".
"Chaque buisson, chaque chêne sais que Je suis", fait dire à Dieu le poète métaphysique Vaughan. Et ce n'est pas panthéisme, mais perception de l'universelle immanence divine qui inspire la mystique allemande Hildegarde von Bingen lorsqu'elle transmet la parole divine :
"Je suis l'essence de vie et de feu de la substance divine qui resplendit dans la beauté des champs.
Je brille dans l'eau.
Je brûle dans le soleil, et les étoiles"
(Liber Divinorum Operum, I).

C'est une quête de l'oeil intérieur qui découvre ces points d'infini. Ainsi voit-on, par cette soif de Dieu, le dialogue impossible entre un homme et un oiseau, devenir chez le Catalan Raymond Lulle, une plongée dans la texture du créé, ruisselante de tout l'incréé :
"L'oiseau chantait au verger de l'Ami
L'ami bint et dit à l'oiseau :
Si nous ne nous comprenons pas par le langage,
comprenons-nous par amour,
parce que dans ton chant
Mon Aimé est présent à mes yeux"
(Le Livre de l'Ami et de l'Aimé, 27).


in LA MYSTIQUE DE L'INVISIBLE
par Roland Maisonneuve,
Questions de... 1992.

jeudi 25 mars 2010

Du redoutable et ahurissant poète et philosophe roumain Jean Parvulesco...


De Jean Parvulesco, égal à lui-même, tout à la fois prophétique, répétitif, imprévisible, sidérant, gargantuesque, usant et abusant généreusement d'admirables formulations dès ses premiers livres, dans un ouvrage (de 358 pages) venant de paraître aux éditions Guy Trédaniel :

...Toujours l'invisible - l'"absolu", l'"indéterminé" - se choisit-il providentiellement des figures dissimulantes de ce qu'il entend nous dévoiler, nous transmettre, et ses choix concernent-ils, pour ainsi dire par la force même des choses, des instances de la réalité appartenant aux existences déjà prédestinées à cette fin, qui, sans le savoir, et parfois même à leur corps défendant, fournissent au langage de l'indicible la substance même de ses développements, de ses propres assertions prophétiques.

in UN RETOUR EN COLCHIDE de Jean Parvulesco,
Guy Trédaniel Editeur,
19 rue Saint Séverin, Paris 5ème, livre paru en 2010.


mardi 23 mars 2010

De l'irremplaçable Nicolas Berdiaeff...


Dès ses premiers ouvrages Nicolas Berdiaeff écrit à partir des sommets de l'esprit... comme en témoigne LE SENS DE LA CREATION, livre de plusieurs centaines de pages, écrit entre 1911 et 1914 et dont Nicolas Berdiaeff dit qu'il fut écrit "d'un seul élan, presque en état d'extase".

"L'art est par excellence la sphère de la création. Et cet élément créateur au sens artistique du terme peut se faire sentir dans toutes les sphères de l'activité de l'esprit. Que ce soit dans le domaine de la science, de la philosophie, de la morale ou de la politique, tout créateur est par quelque côté un artiste. Le Créateur du monde est désigné sous ce terme. L'attente d'une époque créatrice est en vérité celle d'une époque artistique, celle où l'art domine la vie. L'art représente une victoire constante sur la médiocrité de ce "monde" auquel jamais il ne se soumet complètement. Il y a une libération dans tout acte créateur. L'essentiel de cet acte est de surmonter la nécessité. Par lui, l'homme sort de lui-même, s'évade en dehors de la médiocrité ambiante de son existence. L'acte de création artistique est partiellement une transfiguration de la vie. Sa relation avec le monde suppose déjà la présence d'un monde nouveau. Et la conception même de la beauté implique déjà une rupture avec la difformité du monde actuel - un saut dans un monde inconnu. L'oeuvre artistique est la création d'un univers, d'un cosmos, la révélation de la liberté. On dirait que la lèpre a disparu qui couvrait le visage de l'univers. Ainsi, la création artistique par sa nature est ontologique... "

in LE SENS DE LA CREATION de Nicolas BERDIAEFF,
paru en 1955 aux éditions Desclée de Brouwer
et imprimé à Bruges sur les Presses Saint-Augustin.

samedi 20 mars 2010

De Luc-Olivier d'Algange...


"L'alchimie à rebours est de changer l'amour en ressentiment"

vendredi 19 mars 2010

De Grégoire de Nysse...


Dans le remarquable livre de Jean Daniélou, S.J. : PLATONISME ET THEOLOGIE MYSTIQUE, paru en 1944 chez l'excellent éditeur Aubier, ces deux phrases (en rouge dans le texte), riches de sens, de Grégoire de Nysse :


L'âme n'est pas divine par nature ; ou plutôt elle a ce reflet de Dieu qui s'appelle liberté, mais elle n'a pas en elle la parure divine des vertus : cette grâce elle doit la recevoir ; pour devenir pure, elle doit se tourner vers la source de la pureté, transformée alors par la grâce, devenue déiforme, elle n'aura qu'à se regarder pour voir Dieu briller en elle comme dans un miroir...

..."Si l'homme s'oriente intérieurement vers le bien en tournant pour ainsi dire le dos au vice, son âme placée face aux biens futurs est comme un miroir où les images et les formes de la vertu, présentées par Dieu s'impriment dans la pureté de l'âme". Et inversement le péché consiste pour l'âme à "tourner le dos" à Dieu : "L'esprit ayant, comme une sorte de miroir, tourné le dos à l'exemplaire des biens repousse les impressions de l'illumination du bien et reproduit en lui la difformité de la matière". Ce qui, notons en passant cette touche cosmique, entraîne à son tour le désordre de la nature qui est "miroir de miroir".


mercredi 10 mars 2010

Par André Murcie sur un livre de Luc-Olivier d'Algange...



Début d'un remarquable article d'André Murcie paru dans LES FLECHES D'OR (N°9) à propos de FIN MARS, LES HIRONDELLES, livre de Luc-Olivier d'Algange récemment paru aux Editions Arma Artis :

Pas une nuée, à peine douze, que le maître oiseleur Luc-Olivier d'Algange a laissé sortir de sa cage à merveilles. Onze oiseaux de bonne augure et d'annonce nouvelle partis de notre dextre, et l'ultime thuléenne, celle qui clôt le vol vers le soleil de l'être et revient se percher sur le poing qui l'a libérée, en guise de reconnaissance. Il ne faut point l'oublier, dans l'empyrée platonicienne toute connaissance n'est qu'une réminiscence d'un savoir perdu mais toujours à portée de main. Il suffit d'offrir sa paume à la lumière et de lire les immémoriales lignes de notre destin inscrites dans le ciel ouvert de notre chair...

in LES FLECHES D'OR,
courrier
: L'annonce Littéraire, B.P. 65, 77484 Provins


dimanche 14 février 2010

"Voix du Silence" et "Musée Imaginaire"...


Aurons-nous un jour
un Ministre de la Culture
avec la stature
de celui choisi
par le Général de Gaulle ?

samedi 13 février 2010

L'URBANISME, vieille science traditionnelle perdue, CLEF de l'équilibre humain dans la cité...



Nos ancêtres nous précèdent et marchent en avant de nous ; de déchéance en déchéance nous aurons bien des difficultés à suivre leurs traces et retrouver leur sagesse.
Dans un excellent article nous lisons :

"L'urbanisme raconte ce que nous sommes. Le Moyen Age a eu ses villes fortifiées et ses cathédrales, le XIX ème siècle ses boulevards et ses lycées Nous avons nos hangars commerciaux et nos lotissements."

Xavier de Jarcy et Vincent Rémy,
"L'urbanisme à la française",
dans Télérama N°3135 du 19/2/2010.

lundi 8 février 2010

Récente parution de Rémi Boyer aux Editions Arma Artis...

EVEIL ET ABSOLU

Cet ouvrage consacré à la Tradition Adamantine clôt le cycle incohériste. Il rassemble un ensemble de textes déjà parus et d'autres inédits. L'ensemble constitue un essai à la fois original et traditionnel sur les voies d'éveil, le tantrisme de la Reconnaissance et les voies internes. Rédigés surtout sur le mode crépusculaire, les textes rassemblés abordent aussi bien les opérativités que les hautes métaphysiques qui les véhiculent. Ni d'Orient, ni d'Occident, le propos se veut au plus proche de notre propre nature originelle et ultime et invite à traverser les formes culturelles et traditionnelles pour atteindre à la liberté absolue, ultime réalisation initiatique.


De Jacob Boehme, le Maître suave de la Sainte Théosophie ...

"VOIS, SEULEMENT, AVEC ATTENTION, CE QU'EST UN CHRETIEN ; IL EST ETRANGER AU TUMULTE ET A LA DISCORDE. CAR IL EST COMME UNE BREBIS AU MILIEU DES LOUPS, ET IL DOIT RESTER DANS LA FORME ET L'AFFECTION D'UNE BREBIS, ET NON DANS CELLES D'UN LOUP.

CELA N'EMPECHE PAS QUE L'ESPRIT DE DIEU N'EN ARME PLUSIEURS DANS LE ZELE, ET DANS LA GRANDE PUISSANCE DANS LA COLERE, AINSI QUE CELA SE VOIT DANS ELIE. LA QUELQUES FOIS L'EPEE DE LA COLERE DE DIEU EST DONNEE A UN ANGE..."

in DES TROIS PRINCIPES DE L'ESSENCE DIVINE,
éditions Arma Artis, 2007.