jeudi 27 mai 2010

LA GNOSE ...



La gnose est la connaissance de la Réalité suprasensible, "invisiblement visible dans un éternel mystère", qui est censée constituer, au coeur et au delà du monde sensible, l'énergie motrice de toute forme d'existence. Un fragment gnostique définit la gnose : "La connaissance de ce que nous sommes et de ce que nous sommes devenus ; du lieu d'où nous venons et de celui dans lequel nous sommes tombés ; du but vers lequel nous nous hâtons et de ce dont nous sommes rachetés ; de la nature de notre naissance et de celle de notre re-naissance" (Clém. d'Al., Excepta ex Theodoto, 78, 2). Et on lit dans un autre fragment : "la connaissance de l'homme est le commencement de la perfection ; la connaissance de Dieu en est la consommation (Hippol., Elenchos, V, 6, 6). Cette Réalité suprasensible, on la conçoit sous les espèces d'Idées, qui sont en même temps des Forces cosmiques personnifiées - entités divines, "démons", esprits, anges, héros de la mythologie païenne ou chrétienne - qui tiennent dans leurs mains le destin du monde et de l'humanité. La connaissance de ce monde transcendant est le résultat de la convergence de deux actes, dont l'un procède de la Nature sensible et l'autre de la Nature suprasensible. L'application méthodique de l'intelligence aux réalités spirituelles - application qui culmine dans l'extase - et une conduite toute spirituelle - qui trouve son expression suprême dans l'ascèse - amènent l'homme aux abords du monde de l'esprit. A son tour, ce monde se penche vers l'homme sous forme de révélation et se donne à contempler, aussitôt que les conditions requises se trouvent pleinement réalisées.

Ainsi commence le, toujours excellent, livre de H. Leisegang paru chez Payot en 1951.

vendredi 21 mai 2010

De Lanza del Vasto : CREDO...


CREDO


Je crois en Toi, Dieu qui dors dans la pierre,
Rêves dans l'arbre, aspires dans la bête,
Aimes dans l'homme. En meurs. Et dont la tête
Perce le ciel et passe la lumière.

in "Le Chiffre des Choses", Editions Denoël, 1953.

jeudi 6 mai 2010

De Jean-Marie Le Clézio sur Malcolm de Chazal...


Entre 1948 et 1965, Malcolm de Chazal aura publié une vingtaine d'ouvrages, dont certains firent du bruit, et qui sont tous l'expression d'une pensée originale, parfois jusqu'à l'ésotérisme, et d'un tempérament inquiet et anticonformiste. Pourtant, après le choc initial de Sens Plastique, paru à la NRF accompagné d'une préface de Jean Paulhan - "un art qui mérite, je pense, le nom de génie. Ce nom, et aucun autre" -, la critique, conformément à sa réputation de frivolité et de frilosité, cessa de s'intéresser au poète des antipodes et lui opposa un étrange silence. Duhamel, Paulhan, sans cesse sollicités par celui qu'ils avaient porté au pinacle, manifestèrent à son égard une indifférence gênée, puis de l'hostilité.

Depuis son île qu'il refusait obstinément de quitter, Malcolm de Chazal interpellait le monde, multipliait les lettres, les appels au secours. L'éloignement n'était pas la raison de sa solitude. Il souffrait d'avoir cru à la communauté des esprits, d'avoir vu la porte s'entrouvrir sur ce paradis de l'intellect que, comme jadis Swedenborg, il attendait.

Jean-Marie Le Clézio

in LE MONDE du vendredi 10 novembre 2006